Brésil ? Marine ? Soucoupe volante photographiée depuis l'Almirante Saldanha

L'attaché naval des USA qui rend compte de l'affaire de Trinidad dans un rapport.

Date des Informations
21-27 février 1958
Réf. 39-58
Date du rapport : 11 mars 1958

Origine : Attaché naval des Etats-Unis
Rio de Janeiro

Sujet : Brésil - Marine - Soucoupe volante photographiée depuis l'Almirante Saldanha.

Pièces jointes : 4 photos fournies par la Marine brésilienne.

  1. Publication. Le 21 Février, deux des grands quotidiens de Rio de Janeiro publiaient des clichés montrant une prétendue soucoupe volante photographiée depuis un navire de la Marine brésilienne, l'Almirante Saldanha, le 16 Janvier 1958 vers midi, alors que ce vaisseau mouillait au large de l'île de Trinade, à quelque 1000 km à l'Est de Rio de Janeiro. Ce bâtiment participait au programme de recherche de l'Année géophysique internationale.
  2. Le photographe. Les photos étaient dues à une photographe indépendant, Almiro Baraúna, employant un Rolleiflex réglé au 1/125, avec une ouverture de diaphragme de 8 ; elles avaient été développées à bord même de l'Almirante Saldanha. Cet homme est un expert en truquages photographiques et l'on a pas oublié ses photos de prétendus "trésors engloutis" au fond de l'océan. Il est également l'auteur d'un récit humoristique publié dans un magazine sous le titre : "Une soucoupe volante m'a pourchassé chez moi" et illustré de faux documents photographiques. Après la publication de ses dernières photos de "soucoupe volante", Baraúna a déclaré à la presse que le Renseignement naval l'avait interrogé à leur sujet pendant 4 heures. "Les négatifs ont été projetés en grand format sur un écran. (...) J'ai été interrogé par des officiers de l'état-major et par le chef du Renseignement, puis un commandant m'a dit : "Si vous vouliez faire apparaître une soucoupe volante sur un négatif, comment vous y prendriez-vous ? - Commandant, je connais particulièrement bien les truquages photographiques, mais il n'en existe pas qui puisse résister à un examen sérieux et précis."
  3. Attitude de la Marine brésilienne. Immédiatement parès la parution des photos de la soucoupe volante, la Marine brésilienne s'est refusée à confirmer ou infirmer officiellement l'incident. Toutefois des positifs établis à partir des négatifs originaux ont été transmis aux autres armes et au président ; le messager était un officier qui, conjointement, avait mission de relater toute l'affaire. Selon la presse, le récit a fait une si forte impression sur le président Kubichek qu'il est convaincu de la véracité des faits. Le 24 Févier, 3 jours après la parution des photos dans les journaux, le ministère de la Marine publiait enfin un communiqué officiel : "La presse s'étant fait l'écho d'une prétendue opposition de la Marine à la divulgation des faits entourant l'apparition d'un objet étrange au-dessus de l'île de Trindade, le cabinet du Ministre déclare cette information sans fondement. Le ministère n'a aucun motif à mettre obstacle à la publication des photographies relatives à l'objet qui ont été prises par ..., à l'île de Trindade où il se trouvait à l'invitation de la Marine, et en présence de bon nombre des effectifs de l'Almirante Saldanha, sur le pont duquel ont été effectuées les prises de vue. En revanche, le ministère ne se prononcera pas à propos de l'objet observé, les photographies ne constituant pas une preuve suffisante."
  4. Déclarations de l'équipage. Le lendemain matin du jour où les photos de la soucoucoupe volante ont paru dans la presse (22 février), l'Almirante Saldanha quittait Rio de Janeiro pour poursuivre sa mission dans le cadre de l'Année géophysique internationale. Mais, 2 jours plus tard (24 février), il relâchait à Santos en raison d'avaries, et les journalistes purent ainsi interroger pour la 1ère fois les officiers et les hommes. L'attaché naval adjoint des Etats-Unis, qui se trouvait alors à Santos à l'occasion de l'arrivée du Westwind de l'US Coast Guard (Aluena Rio IR 26-58 du 10 Mars), rendit visite à l'Almirante Saldanha. Le commandant du navire, capitaine de vaisseau Jose Santos Saldanha de Gamma, n'avait pas vu l'objet, et il n'a pas fait connaître son opinion. Le second, lui non plus, n'avait rien vu, mais il était arrivé peu après l'observation et pensait que ceux du point avaient vu l'objet. Le capitaine avait indiqué que son secrétaire (un certain L. C. R. D.) comptait parmi les témoins, mais, questionné directement, cet officier s'est dérobé. L'on a appris, par la suite, que le photographe avait été escorté jusqu'à la chambre noire par un officier qui était resté en faction devant la porte tandis que Baraúna développait seul le négatif. Lorsque le commandant du Westwind est allé rendre visite à son homologue de l'Almirante Saldanha, le capitaine Saldanha de Gamma a parlé sans réticence de la soucoupe volante et a montré les positifs originaux à ses visiteurs, mais il ne s'est pas plus prononcé sur le sujet.
  5. Divulgation. Pendant la semaine qui a suivi la parution des photos, les journaux ont consacré énormément d'espace à la question, en s'efforçant d'avérer ou d'infirmer l'authenticité des clichés de Baraúna. Le Diario Carioca a signalé que l'équipage de l'Almirante Saldanha avait reçu de rigoureuses consignes de silence. O Globo a publié un article illustré de clichés pris à Cabo Frio par le photographe... et montrant des soucoupes (de porcelaine) volantes.

Le délégué fédéral Sergio Magalhaes a adressé le 27 Février une note au Ministère de la Marine protestant contre la carence des autorités navales à recueillir les dépositions sous serment des témoins. "Pour la première fois dans l'histoire des soucoupes volantes, les phénomène a été constaté par une grande quantité d'individus appartenant aux forces armées, ce qui officialise les photos. Les menaces envers la sécurité nationale exigent qu'on s'en préoccupe et qu'on y pare en haut lieu", a dit le délégué. Au milieu de toute cette publicité ont émergé d'autres rapport d'observation de "soucoupes volantes", y compris celui d'un officier disant en avoir observé au large des côtes de l'Etat d'Espirito Santo, 1 mois avant l'incident de l'Almirante Saldanha. Plusieurs jours également avant celui-ci, le commandant de bord et l'équipage de l'un Ata Tridente ont vu une soucoupe volante mais ils ont tenu cette information secrète.

Commentaires de l'officier chargé de ce compte-rendu :

  1. Les histoires de soucoupes volantes ne valent généralement pas qu'on leur consacre beaucoup de temps ni d'efforts, mais cet incident, apparemment étayé par des photographies officielles de la Marine, prises en présence d'un nombreux personnel naval, dans des circonstances très précises et quasi-idéales, pouvait avérer de façon absolue l'existence d'un Objet Volant Non Identifié. Malheureusement, dès que l'on examine d'un peu plus près, l'on va de déception en déception. Un certain nombre d'officiers de la Marine brésilienne disent y ajouter foi, mais on ignore dans quelle mesure ils détiendraient plus de renseignement que nous.
  2. L'on ne peut, semble-t-il, proposer que 2 explications pour ce bizarre incident :
    • a) Il y aurait eu d'irrésistibles pressions sur la Marine brésilienne pour la dissuader d'enquêter officiellement sur l'incident (ce qu'elle pouvait faire très faiclement, s'il avait eu lieu) mais également de le démentir (ce qu'elle pouvait faire très facilement, s'il s'agissait d'un "faux"). Pour ma part, je ne crois pas à ce silence imposé, dont aucun écho n'a été recueilli, pas plus dans les sphères brésiliennes qu'américaines ; et aussi parce que je doute qu'lon puisse juguler totalement et un par un les officiers et les hommes.
    • b) Toute l'histoire n'est qu'un coup monté publicitaire dû à un photographe véreux, et auquel la Marine du Brésil s'est laissé prendre. C'est l'hypothèse la plus vraisemblable quand on connaît le goût des brésiliens pour le sensationnel, pour les bruits non fondés et leur propension à faire bon marché de la vérité devant une histoire bien ficelée, aggravée par l'impéritie générale de la bureaucratie.
  3. Il faut ajouter à cela que les photographies fournies par la Marine brésiliennes ne sont pas convaincantes. Les contours de la côte apparaissent avec netteté sur les clichés alors que le disque est flou, peu contrasté, et pratiquement sans ombres portées. Au surplus, l'objet est retourné dans le cliché n° 2, par rapport aux clichés n°1 et 3. Et encore, alors que les journaux ont fait état d'une vitesse élevée, on ne remarque par ce flou latéral que toute vitesse d'obturation aurait dû engendrer.
  4. L'opinion personnelle du signataire, c'est qu'il estime peu vraisemblable une observation de soucoupe volante dans le cadre isolé de l'infertile île de Trindade, car chacun sait que les Martiens sont des créatures éprises de confort.

Rédigé et transmis :
M. Sunderland
Capitaine, US Navy