Edward Uhler Condon

Rejoignant Westinghouse en 1937, Condon quitte le monde de la recherche universitaire et    entame une carrière réussie de directeur de recherche s1Wang, Jessica, "Edward            Condon and the Cold War Politics of Loyalty", Physics Today,  décembre 2001, p. 35
Rejoignant Westinghouse en 1937, Condon quitte le monde de la recherche universitaire et entame une carrière réussie de directeur de recherche s1Wang, Jessica, "Edward Condon and the Cold War Politics of Loyalty", Physics Today, décembre 2001, p. 35

"Ed" Condon naît le dimanche 2 à Alamogordo (Nouveau-Mexique). Il fait partie de ces jeunes scientifiques qui vont en pèlerinage en 1926 à Gottingen et Munich et comprend vite la signification et la puissance de la nouvelle théorie des quantas. De retour de Gottingen, il travaille un court moment comme chargé des relations publiques pour les laboratoires Bell, fait des conférences à l'université de Columbia, puis démarre une carrière académique qui l'emmène jusqu'à l'université de Princeton (Minnesota). Là, il publie divers travaux (le premier texte anglais sur la mécanique quantique avec Philip M. Morse en 1929, Théorie du Spectre Atomique avec G. Shortley en 1936) et continue à enseigner (notamment à l'élève Frederick SeitzSeitz, Frederick) jusqu'en 1937, où il quitte Princeton pour un poste de Directeur Adjoint des Recherches à Westinghouse, qu'il va faire entrer dans l'âge du nucléaire. Le magazine Time le qualifie même de Roi du Monde Atomique.

Puis la guerre arrive. Il met alors ses compétences au service de la nation en travaillant pour le NDRC et le projet Manhattan. Il ne sera pas à Alamogordo, son lieu de naissance, lors de l'explosion de Trinity sur la petite ville du Nouveau-Mexique.

Après la guerre, Condon est président de l'APS et conseiller scientifique pour le sénateur Brian McMahon, président du comité spécial du Sénat sur l'énergie atomique. McMahon milite pour le contrôle civil du programme des armes nucléaires et reçoit en ce sens le plein soutien de Condon, qui considère ce contrôle civil indispensable pour éviter une guerre nucléaire.

NBS

Donald H. Menzel, Condon et Walt Roberts partagent un moment de détente le 5      mars 1950
Donald H. MenzelMenzel, Donald H., Condon et Walt Roberts partagent un moment de détente le 5 mars 1950

A la même époque il quitte Westinghouse pour prendre la direction du NBS, dont il fonde notamment les laboratoires de Boulder (Colorado). Mais très rapidement, et probablement en raison de ses positions sur le contrôle civil de l'armement nucléaire, il est victime d'attaques de l'HUAC et de son président membre de Congrès J. Parnell Thomas, qui indiquent dans un rapport le lundi 1 qu'il semble que le docteur Condon soit l'un des maillons les plus faibles de notre sécurité atomique. Encore et encore, son accréditation est moult fois révisée, suspendue par le Secrétaire de la Marine, puis re-attribuée, pour être réexaminée à nouveau. Parmi ses détracteurs figure le Vice-Président Richard Nixon, également membre de l'HUAC. En 1951, Il est finalement blanchi, Thomas à la prison de Danbury, mais est convaincu de recevoir des dessous-de-table du personnel de son équipe. Il quitte alors le gouvernement, le NBS, et prend la tête du département de Recherche et Développement de Corning Glass Works. En octobre 1954, la Marine lui redonne son accréditation dans le cadre d'un contrat de recherche chez Corning pour le gouvernement.

Il retourne ensuite vers l'enseignement, 2 ans à Oberlin et 7 ans à l'Université de Washington, pour enfin revenir à Boulder (Colorado), en tant que professeur de physique et chargé de cours pour le JILA. Son accréditation est discrètement rétablie, le blanchissant une nouvelle fois. À cette époque en 1964, il est même président de l'Association des Enseignants en Physique (Association of Physics Teachers).

Projet Colorado

Condon, invité par le Lyndon Baines Johnson à la Maison Blanche le lundi 1 pour marquer le 20ᵉ anniversaire de l'acte McMahon, dont Condon a fait campagne pour le passage s2Physics Today
Condon, invité par le Lyndon Baines Johnson à la Maison Blanche le lundi 1      pour marquer le 20ᵉ anniversaire de l'acte McMahon, dont Condon a fait campagne pour le passage s2Physics Today

C'est en lundi 1 que l'USAF charge son université, celle du Colorado, de faire une étude du phénomène ovni.

Dès le début des travaux du projet, Condon déclare :

Je tiendrais à recommander dès maintenant que le gouvernement abandonne l'affaire. Je suis, quant à moi, persuadé qu'il n'y a rien là-dedans. Mais je ne suis pas censé déposer mes conclusions avant 1 an encore. Peut-être que l'étude des phénomènes d'ovnis pourrait être valable pour les groupes qui s'intéressent aux phénomènes météorologiques.

Le lundi 20 février 1967, Condon visite le NPIC avec d'autres membres du projet s3"Visit of Dr. Condon to NPIC, 20 February 1967", Memorandum for the record, CIA, 1967-02-23, en vue d'une collaboration sur le projet pour les analyses de photos. Le 5 mai, Condon assiste à nouveau, avec des membres de son équipe comme Robert J. LowLow, Robert J. et William K. HartmannHartmann, William K., ainsi que J. Thomas RatchfordRatchford, JThomas (USAF), le Dr. Charles Reed (NRC) et de personnel de la CIA à un briefing de Everett Merritt sur l'analyse photogrammétrique que celui-ci a menée sur un cas d'ovni. Condon et son groupe sont impressionnés, au point que des arrangements préliminaires sont passés qu'un contrat permette à Merritt de mener une analyse du projet du Colorado. Il est entendu que cette personne inconnue soumettra son rapport sur l'analyse de la photographie de Zanesville par certains canaux de façon à garder ouverts entre le NPIC de la CIA et Condon s4"UFO Briefing for Dr. Edward Condon, 5 May 1967", Memorandum for the record, CIA, 1967-05-08 < Sturrock, P. A.: "An Analysis of the Condon Report on the Colorado UFO Project", SUIPR Report n° 599, 1974-10.

Alors que Mstislav V. KeldyshKeldysh, Mstislav V. est président de l'Académie de Sciences russes, le New York Times annonce en décembre 1967 que l'URSS établit un projet gouvernemental pour étudier les ovnis. Seitz écrit alors le mardi 16 janvier 1968 À Keldysh incluant en attachement une lettre de Condon pour Felix Y. Zigel. Les américains déclareront n'avoir reçu aucune réponse, malgré leurs relances s5 Blue Book. De fait, c'est dès mardi 16 que la dissolution prochaine du Comité Stolyarof est annoncée.

Suite au scandale du mémo Low, James E. McDonaldMc Donald, James E. vocifère sur Condon, mais commet l'erreur de donner les noms de ses indicateurs : David R. SaundersSaunders, David R. et Norman E. LevineLevine, Norman E., que Condon convoque, et renvoie du projet le mercredi 7 février 1968.

Restez calme, Dr. Condon — dites-leur simplement que vous ne croyez pas en eux ! s6Oliphant, Denver Post
Restez calme, Dr. Condon — dites-leur simplement que vous ne croyez pas en eux ! s6Oliphant, Denver Post

Attaqué de toutes parts, après une déclaration de Josef Allen HynekHynek, Josef Allen le mardi 17 décembre 1968, Condon perd son sang froid et déclare :

Ceux qui édictent des livres sur l'ufologie et les enseignants qui permettent à leurs élèves de s'intéresser à cette pseudo-science devraient être fouettés en place publique et bannis à jamais de leur profession.

En l'année suivante, ce qu'il reste de la commission publie le Rapport Condon qui met un terme définitif à la seule étude officielle des ovnis par l'USAF : le projet Blue Book s7Condon, E. U.: Scientific Study of Unidentified Flying Objects, 1969.

Condon lui, part en retraite du JILA en l'année suivante, et décède le mardi 26, sans avoir quitté Boulder (Colorado).

s8Condon, E. U.: "UFOs I have Loved and Lost", Bulletin of the Atomic Scientist, vol 15, n° 10. s9Clark, Evert: "Study of Saucers Gains Acceptance", The New York Times, 1966-11-16 s10"Edward Condon: A physicist Never Afraid of a Fight", Physics Today, vol. 22, n° 3, 1969-03, pp. 66-67 s11"Edward U. Condon Papers",